La fondation envisage d’investir dès cette année «plusieurs millions de francs» répartis entre 8 et 12 investissements, indique au Temps Caroline Schum, responsable pour la Suisse romande chez Nest. Par rapport aux 2,3 milliards d’actifs sous gestion de la fondation, la part investie dans ce domaine restera modeste: «Le capital-risque représente une partie de nos investissements en private equity et la part investie dans les start-up ne dépassera pas 0,5% du portefeuille total», met-elle en perspective.
D’autres collaborations en vue
Steffen Wagner, cofondateur et codirecteur de Investiere.ch, espère répéter de tels partenariats. «Nous savons déjà que d’autres caisses de pension sont intéressées. Nous anticipons que deux ou trois caisses de pension puissent intégrer notre modèle d’affaires au cours de cette année», estime-t-il.
Selon lui, le manque de financement se fait surtout ressentir dans le segment des investissements situés entre 3 et 10 millions de francs. Dans le domaine du capital d’amorçage («seed»), avec des levées de fonds allant typiquement jusqu’à 500 000 francs, les start-up peuvent compter sur différentes sources de financement, qu’elles soient d’origine privées ou publiques. Dans la seconde catégorie, qui va d’un demi-million à 3 millions, il existe aussi plusieurs programmes de soutien, à l’exemple de la Commission pour la technologie et l’innovation (CTI) en Suisse ou de Innovaud pour le canton de Vaud. Ensuite, le capital-risque prend le relais.
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Jusqu’ici, Investiere.ch était avant tout active dans le deuxième segment à partir de 500 000 francs. Désormais, la plateforme ciblera les entreprises qui se trouvent dans une phase de croissance ultérieure où il s’agit de trouver des fonds pour assurer la suite de l’expansion d’une société.
Pour l’année en cours, Investiere.ch prévoit «d’au moins doubler» le montant de 6,8 millions de francs atteint en 2016, selon Steffen Wagner. Cela ne va pas pour autant se traduire par une multiplication par deux du nombre de projets financés. En 2016, Investiere.ch a participé à 13 cycles de financement. Pour l’année en cours, le codirecteur envisage environ 18 à 20 financements, mais avec des opérations de plus grande taille.
La vaudoise DBS System en profitera
Parmi les bénéficiaires du partenariat, on trouve notamment l’entreprise vaudoise DBS System, active dans les techniques médicales de prélèvements sanguins. Son directeur, Eric Ödman, évoque le passage délicat entre la phase initiale du lancement de sa start-up et les besoins de financement supplémentaires qui ont suivi son expansion. «La fondation proprement dite de la société n’a pas été trop difficile. Ensuite, nous avons aussi pu compter sur d’autres soutiens, comme ceux de la Fondation pour l’innovation technologique (FIT) ou la CTI. Nous avons aussi eu l’appui d’Innovaud pour certains aspects, notamment dans les domaines de la fiscalité ou de la comptabilité», explique-t-il. Le passage du concept à l’élaboration des premiers produits a en revanche été plus difficile. La transition entre la phase d’amorçage à celle de la croissance de la société est une période critique, relate le fondateur de DBS System.
Quel rôle peut jouer une caisse de pension? Il y a, d’un côté, les moyens financiers supplémentaires qui pourront être obtenus mais aussi, d’un autre côté, les aspects liés à la réputation. «Quand des investisseurs institutionnels sont impliqués dans le financement d’une société, cela accroît aussi sa crédibilité», souligne-t-il.
Nest espère être suivi par d’autres institutions de prévoyance. «Au travers de cette collaboration avec investiere.ch, nous montrons la voie pour investir de façon moderne dans des start-up. Pas besoin pour cela de contrainte étatique, mais plutôt de passer la parole aux actes. La Suisse est un pôle d’innovation de classe mondiale – il n’est que logique d’y investir!», conclut sa responsable Caroline Schum.