Les tests sanguins à portée de main

Pourquoi prélever 10 mL de sang, quand on peut faire une analyse complète avec une seule goutte ? Voilà le problème que Julien Deglon a voulu résoudre, alors qu’il était doctorant en sciences pharmaceutiques à Genève. « Quand vous faites une prise de sang pour une analyse, 95% de la matière prélevée part dans la filière jaune. Ces déchets biologiques ont un coût de traitement extrêmement important. »

Le jeune homme a développé une technologie simple et ingénieuse, pour éviter ce gaspillage. Le principe ? On pique son doigt au moyen d’une lancette, identique à celles utilisées par les diabétiques, par exemple. On approche la goutte d’un petit boîtier en plastique, qui, grâce à des canaux paramétrés, permet de générer quatre « dried blod spots », ou gouttes de sang séché de volume et de taille identique. De la taille d’une carte de crédit, ce « boîtier microfluidique » est breveté: c’est le coeur du projet du chercheur. La prise de sang se fait en une seconde, et le tout –papier et boîtier- peut être envoyé sans risques par la poste au laboratoire.

Les intérêts sont multiples : le procédé est moins invasif qu’une prise de sang classique et peut être réalisé chez soi sans risque. Il est moins coûteux, puisqu’il ne nécessite pas de personnel spécialisé. Le transport des échantillons est facilité. « La plupart des agents pathogènes sont désactivés lorsque le sang est transporté sous format sec. Des directives allant dans ce sens viennent d’ailleurs d’être émises par US postal », explique Julien Deglon, qui a gagné le prix d’innovation des HUG à l’automne dernier.

Désacraliser la prise de sang

Ce dernier a cofondé la société DBS System pour commercialiser son boîtier, et travaille déjà à son amélioration avec l’EPFL pour d’autres générations de tests. Les perspectives de développement sont immenses. « Nous voulons désacraliser la prise de sang. Toutes sortes d’applications sont possibles : contrôle au bord de la route ou antidopages, pédiatrie, sportifs et simples particuliers qui souhaitent checker leur état de santé », explique le CEO Eric Ödman, qui a travaillé comme analyste financier dans la grande consommation avant de s’orienter vers le conseil en management des start-up.

L’entreprise, soutenue à ses débuts par Innovaud et la Fondation pour l’Innovation Technologique, a levé 300 000 francs chez des investisseurs privés début juillet, qui ont été complétés par un nouveau prêt de 300 000 francs accordé par la FIT. Ils serviront à produire une première série de boîtiers, qui seront disponibles à la vente à l’automne 2015. Parmi les premiers clients : des industries pharmaceutiques, dont Novartis, et des hôpitaux suisses.

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